Le 19 février dernier, la FEDIL a participé à « Deng Zukunft – Däi Wee », un salon d’information pour les jeunes et les parents, organisé par le Service National de la Jeunesse à la Cloche d’Or à Luxembourg. Un public très varié, de tout âge, a pu s’informer sur le stand de la FEDIL sur le paysage industriel luxembourgeois en général, ainsi que sur les opportunités de carrière, les possibilités de formation et les tendances futures de l’emploi dans l’industrie.

Une jeune fille à laquelle je donne entre 15 et 17 ans est venue se présenter à notre stand pour écouter ce que l’on avait à proposer. Lorsque je commençais à expliquer que la FEDIL représentait l’industrie au Luxembourg, elle m’a regardée avec de grands yeux et m’a demandé : « Industrie – wat ass dat ?
(L’industrie, c’est quoi ?) » et en poursuivant qu’elle n’avait jamais encore entendu ce terme.

Comme il ne s’agissait pas d’un problème de compréhension lié à la traduction – le mot étant le même dans toutes les langues couramment parlées au Luxembourg – le constat était sans appel : il y a des jeunes gens sur le point de rejoindre le marché du travail qui ignorent complètement les réalités du monde (et je ne vais même pas dire économique) qui les entoure.

Ceci est peut-être un cas extrême, mais lors de nos échanges réguliers avec des jeunes, notamment dans les lycées dans le cadre du projet HelloFuture, il apparaît que beaucoup d’entre eux ont une idée très vague de ce que représente l’industrie, ses secteurs, ses activités, ses débouchés. Ils associent souvent l’image de l’industrie à des environnements de travail austères, difficiles ou répétitifs, alors qu’elle est en réalité en pleine transformation suite à l’essor des nouvelles technologies. À qui la faute ? Un manque de communication et de transmission du savoir général dans le cadre familial, un enseignement scolaire déficient en matière de connaissances de base, un manque d’intérêt ? Et si j’évoque ici la connaissance de notions liées au secteur industriel, je sais pertinemment que cette ignorance touche d’autres secteurs, en particulier les secteurs financier et scientifique.

Face à ce constat amer, il faut se féliciter de la multitude d’initiatives parascolaires qui existent pour sensibiliser les jeunes aux réalités économiques et les préparer à leur vie d’adulte. Il est très louable aussi que le gouvernement, dans son Accord de Coalition, reconnaisse l’utilité de ces projets pour promouvoir les métiers artisanaux, techniques et scientifiques.

Rappelons, par exemple, les nombreux programmes ciblés en fonction de l’âge du jeune public de l’association Jonk Entrepreneuren Luxembourg pour stimuler l’esprit d’entreprise chez les jeunes ; les cours et activités pratiques des Wëssens-Ateliers organisés par l’association des Ingénieurs et Scientifiques du Luxembourg pour sensibiliser les plus jeunes aux sciences ; les différentes initiatives en matière d’éducation financière auxquelles s’associent le ministère des Finances, la CSSF ou encore l’ABBL ; les programmes
« Hallo Handwierk » et « dayCare Hands-on » de la Chambre des Métiers ; la « Matinée Découverte en Entreprise » de la Chambre de Commerce ; des émissions comme Take Off – Science Talent Show sur RTL Lëtzebuerg … et j’en passe. Si la mission première de toutes ces actions est de sensibiliser et d’éduquer, les différents formats, souvent sous forme de challenges ou de compétitions, permettent de découvrir plus d’une fois de jeunes talents remarquables d’inventivité et de curiosité, qui, espérons-le, serviront de modèles inspirants à leurs camarades de classe !

Et last but not least, mentionnons l’initiative HelloFuture, lancée en 2016 et portée par la FEDIL, en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de l’Enfance, le ministère de l’Économie et la Chambre de Commerce, qui vise à promouvoir les métiers techniques et scientifiques ainsi que les différentes filières de l’industrie auprès des jeunes. Au cours des premiers mois de 2025, une trentaine de présentations ont été faites à des classes de l’enseignement classique ou général, s’adressant prioritairement à des élèves de 15 – 16 ans. Quels enseignements peut-on déjà en tirer ?

Chaque passage dans un lycée nous montre qu’il est essentiel d’associer les entreprises à la démarche. Si la FEDIL fournit une courte introduction sur l’histoire et l’importance de l’industrie au Luxembourg, il est primordial que des entrepreneurs, ingénieurs ou autres gens du terrain représentant les différents secteurs de l’industrie partagent leurs expériences, leur parcours, leur vie quotidienne en entreprise avec les jeunes. Que les jeunes voient concrètement sur quels projets travaillent les entreprises, quels produits y sont fabriqués et quelles opportunités s’offrent à eux. D’ailleurs, l’appel qu’avait lancé la FEDIL auprès de ses membres pour constituer un pool d’intervenants a connu un écho immédiat et très positif. Nous avons ainsi pu rassembler une équipe fortement motivée représentant des entreprises qui ont bien compris l’importance d’aller à la rencontre des jeunes pour gagner leur intérêt. Cette approche est aussi appréciée par les enseignants et services d’orientation qui souhaitent renforcer la promotion des voies techniques ou scientifiques, notamment par la mise en relation entre écoles et entreprises pour que les jeunes puissent découvrir concrètement ces métiers à travers des rencontres avec des professionnels, des visites d’usines ou des stages.

Si la volonté de rapprocher les jeunes du monde professionnel, en général, et de l’industrie, en particulier, est incontestée parmi tous les acteurs, l’organisation de telles rencontres se heurte plus d’une fois à des programmes d’activités – à côté des cours – très chargés dans les lycées et à la multitude d’associations, d’organisations, d’initiatives qui demandent à avoir leur entrée dans les différents établissements scolaires. À nos yeux, il serait opportun de répertorier toutes ces initiatives de sensibilisation et d’éducation en fonction de leur public cible, de leurs objectifs et de leur contenu au sein d’un service centralisé qui permettrait aussi bien aux établissements scolaires qu’aux intervenants externes de mieux coordonner leurs actions.

Pour en revenir au salon SNJ, la jeune fille était finalement ravie qu’avoir appris quelque chose de nouveau, après que je lui ai expliqué que tout ce qu’elle consommait et que tous les objets qu’elle manipulait devaient bien être fabriqués quelque part … et que c’était là le rôle fondamental de l’industrie.

* « Maintenant j’ai appris quelque chose de nouveau. »

Laurence Kayl
Head of Communication at FEDIL